19 août, journée mondiale de l’aide humanitaire : Le collectif Défenseurs Plus s’inquiète de la situation humanitaire en Haïti
La journée mondiale de l’aide humanitaire, célébrée le 19 août, est un rappel crucial des défis humanitaires auxquels de nombreuses régions du monde sont confrontées. En Haïti, la situation humanitaire reste particulièrement préoccupante, marquée par des violations persistantes des droits humains. En effet, depuis plusieurs années, Haïti traverse une crise humanitaire aggravée par des catastrophes naturelles récurrentes, une instabilité politique chronique et une insécurité généralisée. Les événements récents, tels que le tremblement de terre de 2021, ont exacerbé les conditions de vie déjà précaires de la population. Le pays connaît également une violence accrue des gangs, un effondrement des services publics et une insécurité alimentaire alarmante.
En effet, cette crise humanitaire récurrente occasionne des violations systématiques des droits humains en Haïti. En ce qui concerne le droit à la sécurité et à la protection, la violence perpétrée par des groupes armés, notamment les gangs, constitue une violation flagrante du droit à la sécurité. Des rapports confirment que 80% du territoire de la capitale du pays est contrôlé par plus de 300 bandes criminelles. Ces groupes contrôlant de vastes portions du territoire rendant impossible l’accès à une partie de la population aux services essentiels. Les enlèvements, les extorsions et les assassinats ciblés sont en outre monnaie courante. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables, faisant face à des violences sexuelles systématiques. Dans le domaine sanitaire, l’accès aux soins de santé est gravement compromis en raison de l’effondrement du système sanitaire. Les infrastructures médicales, déjà fragiles, ont été encore plus affaiblies par les catastrophes naturelles et les conflits internes en violation de la constitution haïtienne et de la Convention américaine des droits humains.
Le droit à un niveau de vie adéquat est également violé, avec plus de 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté extrême, selon les données de la Banque mondiale. La malnutrition aiguë affecte particulièrement les enfants, menaçant une génération entière. Les jeunes et les enfants n’ont pas accès à l’éducation. L’insécurité et les fermetures d’écoles, dues aux violences ou aux catastrophes naturelles, ont un impact dévastateur sur le droit à l’éducation. Des milliers d’enfants sont privés de leur droit fondamental d’accéder à l’éducation, ce qui compromet non seulement leur avenir, mais aussi celui du pays dans son ensemble. De plus, les défenseurs des droits humains font face à des menaces constantes et ne peuvent pas se rendre dans certains quartiers pour monitorer la situation des droits humains.
Face à cette situation critique, le collectif Défenseurs Plus en tant qu’organisme de défense des droits humains, formule les recommandations suivantes aux différents acteurs concernés :
- Le gouvernement doit s’engager fermement à rétablir la sécurité dans tout le pays, en désarmant les gangs et en rétablissant l’ordre public, tout en respectant les droits humains.
- Il est crucial de réhabiliter les infrastructures de santé et d’éducation, et d’assurer un accès équitable à ces services pour tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables.
- Les organisations internationales doivent intensifier leur soutien à Haïti, en coordonnant efficacement l’aide humanitaire pour répondre aux besoins les plus urgents.
- Un mécanisme indépendant de surveillance des droits humains doit être mis en place pour documenter les violations et assurer la responsabilité des auteurs afin qu’ils soient traduits en justice et punis conformément aux Lois de la République et des conventions internationales.
- Les agences de développement doivent concentrer leurs efforts sur des initiatives à long terme visant à renforcer les capacités locales, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la gouvernance.
- Les organisations de la société civile doivent continuer à jouer un rôle actif dans la défense des droits humains, en sensibilisant la population et en dénonçant les abus et la passivité complice des autorités étatiques.
- La société civile doit également être soutenue pour renforcer ses capacités à intervenir efficacement dans les crises humanitaires et à plaider pour des réformes structurelles de l’État afin de parvenir à un véritable État de droit démocratique.
La situation humanitaire en Haïti nécessite une réponse urgente et coordonnée. La protection des droits humains doit être au cœur de cette réponse, pour garantir non seulement la survie des Haïtiens et Haïtiennes, mais aussi leur dignité. En cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous appelons tous les acteurs à redoubler d’efforts pour mettre fin à cette crise et construire un avenir meilleur pour les filles et les fils d’Haïti.
Fait à Port-au-Prince, le 19 août 2024
Wilkenson Franklyn Junior JN DENIS
Responsable des Affaires Juridiques
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