Consterné par la conjoncture actuelle et la situation des femmes, le Collectif Défenseurs Plus lance un appel urgent à l’action
Le Collectif Défenseurs Plus exprime sa profonde préoccupation face à la situation d’insécurité qui règne dans le pays, affectant la quasi-totalité des activités, particulièrement dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. En effet, les gangs armés intensifient de jour en jour leurs assauts pour étendre leur contrôle territorial et terroriser la population civile. Après les quartiers de Carrefour-Feuille, de Matissant, de Croix-des-Bouquets, de Tabarre, pour ne citer que ceux-là, c’est désormais au tour des habitants de Solino et de ses zones avoisinantes de fuir leurs maisons, sans destination précise.
Dans la nuit du 12 au 13 novembre 2024, quatre personnes ont été assassinées lors de nouvelles attaques menées par la coalition de gang dénommée « Viv Ansanm » contre Solino. Cela vient alourdir la longue liste des personnes assassinées au cours des attaques, que certains qualifient d’actes de terrorisme. D’autres zones telles que Turgeau, Canapé-Vert sont sous la menace constante des gangs armés. Déjà victime de pertes en vies humaines, la population assiste aujourd’hui, à l’incendie de ses maisons et de tous ses biens, sous le regard passif et complice des autorités haïtiennes. Entre les 4.900 personnes tuées de janvier à septembre, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, la récente décision de la République dominicaine d’expulser jusqu’à 10 000 Haïtiens par semaine, et l’insécurité alimentaire croissante, la population se trouve dans l’une des pires situations de pauvreté et de terreur au monde.
Dans les attaques des gangs armés, les femmes comme catégories socialement défavorisées sont victimes de toutes sortes de violence. Par le viol collectif, les gangs ont servi de leur corps pour asseoir leur domination et exprimer leur colère.
Certaines femmes et filles ont été assassinées, c’est le cas d’une jeune fille tuée d’une balle à la tête le 10 novembre 2024 dans les nouvelles attaques contre solino. D’autres ont été décapitalisées et forcées de quitter leur zone pour se réfugier dans les rues ou dans des camps de déplacés mal organisés. Ces camps qui devraient servir de refuge pour les femmes et les filles deviennent le lieu d’expression de la domination masculine. Manque d’accès à des services de base, harcèlement, viol, chantage sexuel forment le lot quotidien des femmes.
Comme étant des chefs de famille et se trouvant en grande majorité dans le secteur informel, les femmes sont les principales victimes de cette crise multidimensionnelle qui affecte toutes les activités socio-économiques du pays. Beaucoup de femmes enceintes se trouvent en difficultés suite aux sabotages de plusieurs centres d’hospitaliers par les gangs armés. En ce jour du 25 novembre marquant la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Collectif Défenseurs Plus lance un appel urgent face aux violences systémiques et endémiques que subissent les femmes haïtiennes chaque jour qui affectent leur sécurité, leur dignité et leur participation à la chose publique.
Par ailleurs, Défenseurs Plus exprime son indignation face à l’inaction du gouvernement de transition, qui semble ignorer son rôle dans cette situation alarmante. Le gouvernement se montre incapable de pouvoir protéger la population contre les kidnappings, les violences de toute sorte des gangs qui contrôlent la vie de la population. Pour lutter contre l’impunité et les criminalités, le gouvernement et le Conseil Présidentiel de Transition doivent renforcer les institutions telles que la Police Nationale d’Haïti (PNH) et les Forces Armées d’Haïti (FAd’H).
Le Collectif Défenseurs Plus encourage la population à rester solidaire et mobilisée pour exiger un climat de paix et fait appel aux autorités à se ressaisir et à agir de toute urgence pour définir un plan stratégique, cohérent afin de mettre fin à l’insécurité qui gangrène toutes les structures de la société. La lutte contre l’insécurité, les violences faites aux femmes et aux filles est un combat collectif qui nécessite des actions planifiées, concrètes, urgentes et durables.
Fait à Port-au-Prince, le 25 novembre 2024
Emilie MARCELIN
Responsable Axe Genre
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