Crise socio-politique et violences généralisées : collectif Défenseurs Plus exhorte les autorités étatiques et les acteurs sociaux à agir en toute urgence pour protéger les femmes et les filles
La crise politique et l’insécurité ont atteint leur paroxysme en Haïti, ce qui met en péril la structure même de l’État haïtien. Cette crise exacerbe la situation de la population en général mais surtout les femmes, les enfants, les personnes âgées et celles vivant avec un handicap. A en croire le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, depuis le début de l’année 2024, 1193 personnes ont été tuées et 692 blessées suite à la violence des groupes armés. Plusieurs centres hospitaliers sont devenus inaccessibles ou dysfonctionnels, des établissements scolaires et entreprises privées sont fermées tandis que la quasi-totalité des services publics sont indisponibles et l’insécurité alimentaire bat son plein.
Les récents évènements survenus depuis le jeudi 29 février et au cours de ce mois de mars ont porté la situation à son état le plus grave de l’histoire du pays. Par ailleurs, les gangs armés sèment la terreur et la violence sous toutes ses formes. Cette situation chaotique entrainant une violence inouïe affecte les femmes et les filles car elles sont davantage exposées à des dangers. Notons que 6 agents de police dont 2 femmes ont perdu leur vie dans les récents évènements et 2 commerçantes ont été tuées par balles à la rue Magloire Ambroise.
La Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars a été officialisée par les Nations Unies depuis l’année 1977 à la demande des mouvements des femmes ouvrières dans les différentes parties du monde. Cette année c’est autour du thème : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », que les Nations Unies célèbrent cette journée. En cette occasion, le collectif Défenseurs Plus attire l’attention des acteurs nationaux et internationaux sur l’impact de la crise politique sur le respect des droits des femmes et des filles en Haïti.
La crise multidimensionnelle que connait le pays, a occasionné plus de 313 000 déplacés internes, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Les violences ont contraint ces personnes à fuir leurs maisons pour se réfugier dans des familles d’accueil ou dans des camps de fortune et dans des espaces publics inappropriés. Elles vivent dans des conditions infrahumaines et souffrent d’un manque d’accès à l’eau potable, à l’alimentation et aux soins de santé. De surcroit, les femmes et les filles qui se réfugient dans ces sites de déplacés, dépourvues de toute intimité, sont victimes entre autres d’agressions sexuelles, de viols, de violences sexuelles entre autres. Celles qui travaillent dans le secteur informel ne peuvent entreprendre leurs activités en raison de la violence des gangs, nombreuses d’entre elles ont perdu leurs marchandises sous le feu des présumés criminels, ce qui aggrave la précarité économique de cette catégorie sociale.
Par ailleurs, l’évasion d’environ 5 mille prisonniers (dont des personnes ayant commis des crimes sexuels) dans les prisons civiles de Port-au-Prince et de la Croix-des-bouquets pourrait augmenter considérablement les risques de violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles. On pourra donc assister à une amplification des crimes sexuels par les groupes armés illégaux. A rappeler qu’entre juin et mai 2023, Médecins Sans Frontière a affirmé avoir porté secours à mille cinq victimes de violences sexuelles dans ses hôpitaux à Port-au-Prince.
Le collectif Défenseurs Plus constate que cette crise politique qu’atteste l’effondrement de l’État haïtien, augmente la violence globale dans le pays. Par rapport au reste de la population, l’insécurité et les actes de criminalité affectent d’une manière disproportionnée, les femmes et les filles dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Vue la tournure que prennent les évènements qui viennent s’ajouter au système d’oppression dans lequel se trouve les femmes, Défenseurs Plus appelle les autorités étatiques à agir en toute urgence afin de protéger les femmes et les filles contre toute violation de leurs droits.
Fait à Port au-Prince, le 8 mars 2024
Madoché CHERENFANT
Directeur de Programmes
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