Le Collectif Défenseurs Plus a appris avec émotion la scène odieuse qui a eu lieu au sein du commissariat de Delmas 33, le dimanche 30 octobre 2022, impliquant des policiers lors de l’appellation d’un journaliste reporter. Selon les informations recueillies, des travailleurs de la presse ont été victimes de brutalités policières au sein même du commissariat. Certains en sont sortis blessés sous les agressions physiques de certains policiers, et le journaliste Romelson VILSAINT a malheureusement perdu la vie. Défenseurs Plus s’inquiète face aux menaces qui pèsent sur la liberté de la presse et appelle les organisations démocratiques à la plus grande vigilance et à la concertation.
Défenseurs Plus rappelle que les journalistes ne doivent pas être intimidés dans le cadre de leur travail, et doivent bénéficier de la protection de la police nationale. Un journaliste face à un policier, doit se sentir protéger, encore plus dans un commissariat. Présumé auteur d’un délit ou d’un crime, le journaliste peut être appréhendé par des policiers, exclusivement dans le cadre de la loi. Défenseurs Plus condamne en ce sens les coups et blessures infligés aux journalistes par des policiers, ainsi que le meurtre du journaliste qui a été mortellement blessé au commissariat, le dimanche 30 octobre 2022. Il exige des enquêtes administratives et judiciaires réelles de la part de l’inspection générale et les autorités judiciaires afin de juger et punir les coupables, conformément à la Loi.
En effet, les travailleurs de la presse ont du mal à exercer leur travail en Haïti pendant l’année 2022. Sept (7) journalistes ont été assassinés, en dix (10) mois. Quatre (4) ont été enlevés, séquestrés, maltraités et leurs parents ont dû payer pour obtenir leur libération après plusieurs semaines. Des journalistes des Cayes, des Gonaïves, de Jacmel, de Port-de-Paix, de Port-au-Prince et de Jérémie attirent constamment l’attention des organismes de droits humains sur les menaces de mort, d’enlèvement et de bastonnade qu’ils/elles font l’objet des autorités, des groupes armés et d’autres gens proches du gouvernement de facto. Malheureusement certaines menaces ont été mises à l’exécution. C’est le cas du journaliste animateur de l’émission Gran Lakou aux Cayes, Monsieur Garry TESS, enlevé le 18 octobre 2022 et son cadavre retrouvé en putréfaction le 24 octobre 2022. Jusqu’à maintenant, le gouvernement de la République et les autorités judiciaires, n’ont pas réagi, voir réalisé une enquête pour punir les criminels.
La liberté de la presse qui découle des libertés d’expression et d’opinion, est considérée comme l’un des droits fondamentaux dans les sociétés dites démocratiques. Celle-ci garantit aux journalistes la possibilité d’enquêter librement et d’informer les citoyens-nes sur toutes les thématiques. Pour l’heure, tous les indices présentent une situation alarmante de la liberté de la presse en Haïti. La liberté de la presse est menacée quand des journalistes travaillent sous des menaces et des intimidations, quand ils sont victimes d’assassinats, de kidnapping, de disparition et d’autres formes d’attaque comme c’est le cas récemment du journaliste Roberson ALPHONSE de Magik 9 et du journal Le Nouvelliste, qui a été blessé par balles le 25 octobre dernier. La Déclaration universelle des droits de l’Homme protège la liberté de la presse en son article 19 qui s’appuie sur la liberté d’opinion et d’expression. Et la Constitution haïtienne en son article 28-1 stipule que le journaliste exerce librement sa profession dans le cadre de la loi. Cet exercice ne peut être soumis à aucune autorisation, ni censure sauf en cas de guerre.
Ainsi, Défenseurs Plus, organisme de défense et de promotion de droits humains, dont la liberté de la presse, soutient la protection des travailleurs de presse et se solidarise avec toute la corporation. Les luttes pour l’effectivité de cette liberté ont été ardues et longues, le maintien de cet acquis constitutionnel et générationnel demeure nécessaire. Défenseurs Plus présente également ses sympathies aux parents et alliés des journalistes tués, et souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées lors des évènements malheureux, le dimanche 30 octobre 2022.

Fait à Port-au-Prince, le 4 Novembre 2022
Chaïna ÉTIENNE
Directrice de Programme
Tél : 509 38 92 7055