Dénonciation de la situation des personnes expulsées et déportées par les autorités de la République Dominicaine à la frontière de Belladère, dans le Bas-Plateau Central

Le collectif Défenseurs Plus exprime sa profonde préoccupation face aux déportations massives et journalières des Haïtiens et Haïtiennes par les autorités de la République Dominicaine.  Ces actions violentes, inhumaines, et arbitraires constituent une violation flagrante des droits humains, notamment des enfants et des femmes. Ces violations graves soulèvent des questionnements sur des engagements internationaux de la République Dominicaine en matière de droits humains. Durant les trois derniers mois, plus de 16 500 personnes ont été expulsées seulement au point frontalier de Belladère, dont 1 911 enfants non accompagnés et 3 274 femmes.

En outre, certaines personnes d’origine haïtienne arrivent à la frontière souvent affamées, malades, ou atteintes de maladies infectieuses.  Des cas de grossesses prématurées et non désirées ont été répertoriés chez les adolescentes. La majorité des personnes n’ayant pas de moyens ont été hébergées par la fondation « Zanmi Timoun » et le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Refugiés (GARR). Ces deux organisations disposent d’un centre d’accueil et d’hébergement pour des personnes expulsées de la République Dominicaine, dans la commune de Belladère.

Les opérations d’interpellation des Haïtiens et des Haïtiennes, suivies de déportations collectives, sont souvent menées sans égard pour la condition des enfants, des femmes enceintes et des malades. Ces opérations violent non seulement la dignité humaine mais aussi les droits les plus élémentaires des personnes expulsées. Elles se font également en violation des droits fondamentaux garantis par diverses conventions internationales. Parmi ces instruments, citons entre autres :

  1. La Convention relative aux droits de l’Enfant (CIDE), ratifiée par la République Dominicaine en 1991, qui garantit à chaque enfant le droit à une protection spéciale et à un traitement humain.
  2. La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale qui interdit toute forme de discrimination fondée sur la race, la couleur, ou l’origine nationale ou ethnique. Les expulsions massives de Haïtiens, Haïtiennes et de Dominicains d’origine haïtienne s’inscrivent dans un contexte de discrimination systématique de l’État dominicain.
  3. Le Code pour la protection des droits fondamentaux des enfants et adolescents (Ley No. 136-03) en République Dominicaine stipule clairement que tous les enfants, indépendamment de leur statut migratoire, doivent bénéficier de la protection de l’État.  Cependant, des enfants de moins de 10 ans ont été expulsés par les autorités dominicaines.
  4. La Convention américaine des droits de l’homme, en son article 22, interdit les expulsions collectives des personnes d’un Etat membre vers un autre, alors que certaines fois, les organisations accueillent à Belladère plus de 300 personnes par jour dans des conditions déplorables.

En effet, malgré ces différents engagements, au cours de ces déportations, les autorités dominicaines continuent d’agir en violation de ses lois et des conventions internationales relatives aux droits humains, ratifiées par l’État Dominicain. Elles procèdent à des déportations sans aucun respect des procédures légales. Il est fort regrettable de constater que la République Dominicaine se transforme en un État prédateur des droits humains.

Face à cette situation intolérable, le collectif Défenseurs Plus croit que la crise migratoire est sous-estimée tant au niveau national qu’international. Il appelle à une mobilisation dans les deux sphères pour faire pression sur l’État dominicain afin qu’il arrête de violer les droits fondamentaux des personnes de nationalité haïtienne. Il est nécessaire, voire urgent, d’exiger de la République Dominicaine le respect de ses engagements internationaux afin de mettre fin à ces pratiques barbares violant la dignité de la personne humaine.

Le collectif Défenseurs Plus demande aux autorités haïtiennes d’entamer des pourparlers avec les autorités dominicaines en vue de définir un nouvel accord migratoire garantissant le respect des droits des Haïtiens et des Haïtiennes. Le collectif Défenseurs Plus appelle également les citoyens et citoyennes du monde entier à se lever contre cette injustice, dont sont victimes les Haïtiennes et les Haïtiennes, basée sur la discrimination en raison de la couleur et de la race par les autorités dominicaines.

 

Fait à Port-au-Prince, le 26 septembre 2024.

 

 

Wilkenson Francklyn Jr. JN DENIS

Responsable des Affaires Juridiques

Tel :  +509 3195-1475

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