Entre problèmes structurels et conjoncturels, le collectif Défenseurs Plus plaide pour une réelle évaluation de la rentrée des classes
Le droit à l’éducation est garanti en Haïti par la Constitution de 1987 dont le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) est l’organe régulateur. Il est également garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions internationales signées et ratifiées par l’Etat haïtien notamment la Convention relative aux Droits de l’Enfant. S’il est vrai que les conditions socio-économiques des années antérieures ont toujours fragilisé ce droit en Haïti, cette année la situation socioéconomique des familles haïtiennes devient plus critique. Autrement dit, les conditions minimales pour une réouverture des classes comme le claironne le MENFP sont aux antipodes des standards constate le Collectif Défenseurs Plus.
L’absence d’une éducation républicaine, le problème d’un personnel qualifié, le problème des arriérés de salaire et de nomination de certains membres du personnel enseignant, des accompagnements sociaux et psychologiques tant au personnel éducatif que les élèves sont entre autres les handicaps structurels que connaissent le système éducatif haïtien. A côté de ses problèmes structurels, une réouverture des classes cette année se révèle de plus en plus complexe par rapport aux actes de violences des groupes armés dans le pays et l’inaction du gouvernement de la République. En effet, face à la décapitalisation économique de la population, aucune politique d’accompagnement social, soit de subvention ou de dotation de matériels scolaires n’est mise en œuvre par le gouvernement en vue de venir en aide aux plus vulnérables. D’autre part, la loi sur les frais scolaire dite loi Bastien qui est censée protéger les parents contre la montée excessive des frais scolaires est totalement bâillonnée. Le gouvernement ne prend aucune mesure administrative pour l’application et le respect de cette loi.
L’une des plus grandes entraves pour une rentrée des classes cette année est celle des déplacées. Plusieurs milliers de personnes sont logées temporairement dans des lycées de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Durant ces cinq dernières années, le pays connait un niveau de déplacés internes à un rythme effréné. Plus de deux cent cinquante mille (250, 000) personnes auraient été en situation d’itinérance dans le pays à la suite des violences armées. Cette situation s’aggrave avec la prise en otage de la population par les gangs dont les zones les plus touchées furent Cité soleil, Bel air, Martissant, Pernier, Solino, des zones de la commune de Croix des Bouquets, de Tabarre, de Petite Rivière de l’Artibonite, Liancourt, Verrettes, L’Estère entre autres. Plus récemment, seulement pour le mois de juillet 2023, l’Organisation internationale pour la migration a recensé plus de 195 000 déplacés pour les départements de l’Ouest, du Centre et de l’Artibonite. Pour le mois d’août, l’innombrable population de Carrefour-feuilles et d’autres zones avoisinantes ne cessent de déplacer vers des horizons inconnus pour s’échapper à la fureur des gangs qui tuent, violent, pillent et incendient des maisons. Face à une telle situation, quelles sont les mesures prises par le MENFP pour une éventuelle rentrée des classes convenables ? En conséquence, si le MENFP prétend évaluer seulement les écoles servant d’abri, il est loin d’évaluer la situation globale. Autrement dit, il s’inscrit dans une fuite en avant démesurée pour une réelle réouverture des classes.
Par conséquent, le collectif Défenseurs Plus appelle le gouvernement de facto dans son ensemble à créer une atmosphère propice pour une réelle réouverture des classes en tenant compte de la condition des familles déplacées; rendre accessible les bâtiments scolaires et subventionner les matériels didactiques au profit de tous les enfants sans distinction aucune.
Fait à Port-au-Prince, le 6 septembre 2023
Frimens Deverson DUVAL
Assistant Responsable de Communication
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