Le Collectif Défenseurs Plus exige au gouvernement d’assurer un climat pouvant faciliter la rentrée des classes sur tout le territoire national
Le Collectif Défenseurs Plus exige au gouvernement d’assurer un climat pouvant faciliter la rentrée des classes sur tout le territoire national
La rentrée des classes prévue initialement par le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a été le 5 septembre 2022, puis renvoyée pour ce lundi 3 octobre 2022. Cet écart de 28 jours semble ne rien représenter face aux défis auxquels font face tant les parents que le MENFP, pour des conditions minimales facilitant une réouverture des classes.
La réouverture des classes devient chaque année plus difficile pour une population qui s’appauvrie de jour en jour. Alors convient-il de se demander quel est le sort de ceux et celles qui ont été déjà contraint de verser les frais du mois de septembre ? Dans certains cas, l’année académique antérieure n’est pas encore bouclée car des carnets scolaires sont encore gardés dans certaines directions d’école pour incapacité de paiement. De fait, le coût de l’éducation constitue l’une des charges énormes pour la majorité des familles haïtiennes.
En effet, selon un rapport publié en 2017 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), 2 enfants sur 10 âgés de 6 à 11 ans ne fréquentent pas l’école primaire en Haïti. Par ailleurs, la loi sur les frais scolaires dite loi Bastien, dispose de certaines mesures pour réglementer les frais scolaires. Parmi ces mesures, nous pouvons citer : les frais scolaires doivent être fixés en monnaie locale (gourde), pas de frais supplémentaires pour réinscription, la limite du montant de dépôt est de 500 gourdes. Force est de constater que ces mesures ne sont pas appliquées par de nombreuses institutions scolaires. De plus, cette même loi dispose en son article 3, que le montant des frais annuels ne doit, en aucun cas, dépasser l’équivalent de deux mois de scolarité pour le préscolaire et de trois mois de scolarité pour le fondamental et le secondaire. Mais pour contrecarrer cette mesure, la majorité des écoles change le système de paiement mensuel pour adopter celui de versement ou par tranche. Dans d’autres cas, les établissements scolaires sont transformés en librairie et magasin de fournitures où l’État ne perçoit aucune taxe pour de telles activités. Ces anomalies constatées contribuent à alourdir le coût global de la scolarité pour les parents.
L’accessibilité aux établissements scolaires constitue un élément incontournable pour le fonctionnement des écoles. Cependant, le tremblement de terre du 14 aout 2021 a causé la destruction ou l’endommagement de plus de 1 000 écoles dans les départements du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes. Dans la région métropolitaine, selon un rapport du MENFP plusieurs écoles ont été abandonnées dont 772 à la Croix des Bouquets, 446 à Tabarre, 274 à Cité soleil et 200 à Martissant, Fontamara, Centre-ville et au Bas de Delmas. Ou encore dans les zones de Pernier et Torcel. Aussi convient-il de remarquer que ces écoles ont été déplacées à cause des guerres entre gangs rivaux. Cette situation d’insécurité se complète par le problème du transport en commun engendré par l’augmentation des prix des produits pétroliers de 128 pourcent, ou l’absence même de ces produits dans les pompes à essence. Depuis trois semaines, le phénomène « peyi lock » vient amplifier le calvaire des parents. La paralysie des activités économiques reste un frein pour une éventuelle rentrée des classes.
Le Collectif Défenseurs Plus se demande dans quelle mesure ce délai de 28 jours que s’est accordé le MENFP a-t-il fait bouger les lignes lorsqu’on considère que les cris des parents restent encore les mêmes. Quant à sa volonté de faire, le MENFP semble aussi ne pas avoir les moyens de sa politique. Ce faible quota de 13,3% alloué à ce secteur éducatif dans le budget national de l’année fiscale 2021-2022 traduit le manque d’intérêt de l’État pour ce secteur.
Le Collectif Défenseurs Plus rappelle que les crises politique, économique, et sociale font complètement obstacles au bon fonctionnement des institutions éducatives (écoles, universités et établissements professionnels). Il exige en ce sens, au gouvernement, d’assurer un climat pouvant faciliter le fonctionnement des institutions éducatives, notamment faciliter la rentrée des classes sur tout le territoire national. Ensuite, de mettre en place un mécanisme en vue de garantir le droit à l’éducation, qui comprend spécialement l’accès à l’éducation pour tous/toutes et la gratuité de l’enseignement primaire comme un droit humain.
Fait à Port-au-Prince, le 3 Octobre 2022
Samendina Lumane JEAN
Responsable de Communication et de Plaidoyer
Tél : 509 4737 69 60