Le collectif Défenseurs Plus lance un appel à l’action de l’État en faveur des femmes subissant des actes de violence dans les camps des déplacés de Carrefour-feuilles

Depuis plusieurs années, l’État n’arrive pas à assurer ses fonctions régaliennes comprenant la sureté et la défense du territoire. Le collectif Défenseurs Plus est abasourdi face aux violations du droit à la vie et du droit à la sécurité consacrée par la Charte internationale des droits de l’homme et la Constitution haïtienne de 1987. Depuis trois mois, bon nombre de personnes ont quitté leur domicile à Carrefour-feuilles à la suite de nombreuses attaques des gangs armés afin de se réfugier dans des camps de fortune. Certains de ces camps, qui sont en réalité des écoles, disposent d’environ d’une vingtaine de salles abritant chacune entre 20 à 40 personnes incluant hommes, femmes et enfants.

 

Lors d’une visite au camp de l’École nationale Colbert Lochard qui ne diffère pas des autres camps, le collectif Défenseurs Plus a constaté la vulnérabilité des gens, particulièrement celle des femmes et des filles. Les conditions d’hygiène sont précaires ; l’insécurité alimentaire est criante dans le camp depuis que les déplacés ne reçoivent plus de l’aide du Programme Alimentaire Mondial (PAM), il y a environ deux mois. Depuis lors, bon nombre de déplacés peinent à trouver de quoi à manger ; ils n’ont pas accès à l’eau ni aux soins médicaux ; les salles sont impossibles d’accès en cas de pluie. Ces personnes déplacées se trouvent dans une situation de violations systématiques de leurs droits au logement, à l’alimentation, à la santé, la protection, entre autres. De ce fait, les témoignages recueillis sont poignants : beaucoup de déplacés souffrent d’infection et d’autres maladies liées au manque d’hygiène. Les enfants ne peuvent pas continuer à fréquenter l’école, car les activités rentables de leurs parents ont été paralysées depuis l’attaque des bandits dans leur domicile à Carrefour-feuilles.

 

La situation des femmes dans les camps est encore plus préoccupante : les salles ne peuvent pas logiquement accueillir le nombre de personnes qui y vivent, ce qui pose un problème malgré le souci de vivre-ensemble de quelques-uns : les femmes, les filles et les hommes dorment tous au même endroit. Bon nombre de femmes affirment dormir dans la peur d’être agressée sexuellement et physiquement. Le sentiment d’insécurité continue à les habiter dans les camps. Cependant, elles font acte de résilience en alléguant qu’elles n’ont pas à se plaindre vu qu’elles ont trouvé où dormir pour échapper aux gangs armés. Les salles de bains sont ouvertes à tous et sont dépourvues de portes. Toutes les femmes et les filles du camp affirment se sentir violer dans leur intimité. Qui pis est, de nombreux hommes profitent pour les regarder se baigner tout en avançant des commentaires déplacés. Elles sont exposées au dénigrement et commentaires déplaisants des hommes sur leur corps. Les violences verbales et commentaires négatifs conduisent dans de nombreux cas aux violences physiques. En ce sens, le collectif Défenseurs Plus a recueilli des témoignages de certaines femmes du camp d’hébergement affirmant qu’un cas de viol a été recensé sans qu’elles n’en sachent le suivi y relatif.

 

Face à cette situation chaotique, le collectif Défenseurs Plus demande à l’État haïtien de respecter les instruments juridiques nationaux et internationaux protégeant la dignité humaine. Les déplacés doivent vivre dans des conditions décentes, indispensables à leur intégrité et au respect de leur dignité. Le collectif Défenseurs Plus exige aux autorités compétentes de mettre en place des actions concrètes afin d’améliorer les conditions de vie des déplacés dans les camps d’hébergement. Le collectif exige également de l’État, conformément à la Convention internationale sur l’élimination des formes de violences à l’égard de la Femme, des actions concrètes en vue d’éradiquer les mauvaises conditions de vie et d’éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles dans le pays. Il demande, par ailleurs, le respect et l’application des instruments internationaux de protection des droits humains en faveur de tous et de toutes, sans discrimination aucune.

 

Fait à Port-au-Prince, le 25 novembre 2023

 

Frimens Deverson DUVAL

Responsable de communication et de Plaidoyer

Tel : +5093716-3826

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :