Violences sexuelles et guerre des gangs en Haïti : le collectif Défenseurs Plus appelle à la protection des droits des femmes et des filles
Défenseurs Plus constate la montée vertigineuse des violences sexuelles contre les femmes et les filles ces deux (2) dernières années. Le 19 juin dernier était consacré à la journée internationale pour l’élimination de la violence en temps de conflit. Elle a été créée par les Nations Unies en 2015 pour la sensibilisation sur la violence qui est spécifiquement dirigée contre les femmes et les filles pendant les périodes de conflit armé. Aujourd’hui, l’affrontement des groupes armés devient monnaie courante dans notre société. Et de par cette situation, faire subir des violences sexuelles aux femmes et aux filles s’apparente à une arme de guerre dans les affrontements des groupes armés. Ces crimes sexuels sont condamnés par la loi haïtienne et le droit international.
Défenseurs Plus constate que les autorités étatiques ne se soucient pas des violences que subissent les femmes et les filles, alors qu’il existe un cadre juridique international qui régit la protection des femmes et des filles en temps de conflit signé et ratifié par Haïti. Dans ce cadre juridique, on retrouve : la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de conflit du 12 août 1945 et la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée en 2000. Ces dernières appellent à la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles en temps de conflit.
La situation la plus récente de cas de violence sexuelle enregistrée est le viol collectif d’une jeune fille de 17 ans (mineure) par des membres du gang « Kokorat san ras », le lundi 10 juillet 2023. De plus, suivant un article publié par The New Humanitarian le 27 juin 2023, entre mai 2022 et mars 2023, Nègès Mawon (organisation défendant les droits de la femme en Haïti) a enregistré 652 cas de femmes et de filles victimes de violences sexuelles dans seulement quatre (4) quartiers de Port-au-Prince, 90 d’entre elles ont contractées des maladies sexuellement transmissibles (MST) et 9 d’entre elles ont été tuées. Les hôpitaux publics étant pour la majeure partie du temps dysfonctionnels et les institutions publiques pouvant fournir des accompagnements psychologiques sont quasiment inexistantes. Les femmes et les filles subissant ces violences sont la plupart du temps livrées à elles-mêmes. Elles sont traumatisées et vivent continuellement avec les séquelles de violence sous le règne de l’impunité favorable aux violations systématiques des droits de la personne humaine.
Défenseurs Plus en tant que collectif défendant les droits de la personne, condamne la situation d’insécurité qui sévit dans le pays et qui favorise la multiplication des violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles. De plus, Défenseurs Plus appelle les autorités actuelles à prendre les mesures nécessaires pour freiner cette situation d’insécurité qui ne cesse de s’accroître, et de protéger les catégories sociales les plus exposées. Il est de la responsabilité des autorités gouvernementales d’assurer la protection de la population en générale, en particulier les femmes et les filles.
Fait à Port-au-Prince, le 21 Juillet 2023
Odelyne Georges ODÉUS
Responsable Axe Développement et Droits Humains
Tél : 509 3682 1023