Journée mondiale de l’alimentation (16 octobre) et Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté (17 octobre) : Défenseurs Plus plaide pour la participation des personnes vulnérables aux décisions qui affectent leurs vies et leurs communautés
Le Collectif Défenseurs Plus, organisme de défense des droits de la personne humaine, s’inquiète de l’aggravation de la pauvreté qui a engendré des tensions sociales susceptibles de nuire au climat des affaires du pays, et freiner tout investissement privé. Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) estime qu’1,2 milliard de personnes dans le monde vivent avec moins d’1.25 dollar par jour (indicateur de la pauvreté utilisé par l’ONU), principalement dans les pays du sud. De plus, Haïti est classée 169e sur 189 pays, en matière d’Indice de Développement Humain (PNUD, 2019).
D’après des données issues d’une étude réalisée en octobre 2019 par la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire avec le soutien du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un haïtien sur trois, soit près de 4 millions de personnes, a besoin d’assistance alimentaire d’urgence. Cette situation s’est donc aggravée avec les crises politiques et sanitaires que nous avons subis et leurs conséquences sur le taux de chômage, ainsi que la réduction du pouvoir d’achat des ménages.
Pour faire face à la crise économique, qui a pour corolaire l’instabilité du taux de change, le gouvernement a décidé récemment d’intervenir dans la politique monétaire en influençant la dépréciation du dollar. Cette décision devrait engendrer une baisse graduelle des prix des produits de premières nécessités. Cependant, une baisse de prix sans aucune politique d’emploi est presque vaine et surtout dans un contexte de crise politique et sanitaire où bon nombres de citoyens sont au chômage.
La question de l’irrégularité des prix des produits et services sur le marché a toujours inquiété Défenseurs Plus, sachant que la majorité de la population vit dans l’extrême pauvreté. Dans un contexte où le prix de certains produits doit baisser considérablement, il est du devoir du gouvernement de fixer leur prix afin de corriger ces irrégularités. Par ailleurs, cette baisse que nous avons remarqué sur le marché doit être beaucoup plus globale, dans le sens qu’elle doit concerner tous les produits et services et non quelques-uns en vue de pallier à cette insécurité alimentaire chronique.
En effet, Défenseurs Plus plaide pour la mise en place d’une politique publique favorisant l’accroissement de la production nationale qui serait non seulement favorable pour nos producteurs mais aussi qui nous permettra d’être moins dépendants de l’exportation et notamment du dollar américain. Défenseurs Plus souligne que plus de 80% des personnes se trouvant en situation de pauvreté extrême vivent en milieu rural. Il y a 38% de la population rurale qui se trouve dans l’impossibilité de satisfaire ses besoins nutritifs contre 12% dans les zones urbaines », faisant référence aux données de l’Enquête sur la Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-V).
Défenseurs Plus tient à rappeler aux autorités étatiques qu’en vertu de l’article 22 de la Constitution haïtienne, l’État doit reconnaitre le droit de tout citoyen à un logement décent, à l’éducation, à l’alimentation et à la sécurité. Par conséquent, il est de leur devoir de travailler en ce sens pour le bien-être de la population en s’assurant que l’insécurité d’investissement, qui fait rage dans ce pays ne devient pas catastrophique. Haïti est l’un des pays les plus inégaux du monde, en termes de revenus et l’accès aux services. Pour lutter contre la pauvreté et les inégalités d’une manière durable, une croissance plus forte et plus généralisée est nécessaire. Celle-ci doit être accompagnée aussi par un effort concerté des autorités compétentes pour renforcer les capacités des populations pauvres et vulnérables à accumuler des actifs, générer des revenus et mieux protéger leurs moyens de subsistance.
Fait à Port-au-Prince, le 16 Octobre 2020
Samendina Lumane JEAN
Responsable de Communication
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